es périodes et méthodes de semis varient d’une espèce à une autre en fonction de ses propres exigences. Pour que la germination soit optimale, les semences doivent être récentes, de bonne qualité, et avoir été préalablement vernalisées (levées de dormance par le froid). Le semis doit également se faire dans des conditions d’ensoleillement, d’hygrométrie, de température et de sol particulières à chaque espèce.
Pour que la germination soit optimale, il faut s’assurer que les graines ne sont pas en dormance. Les semences achetées sont préalablement traitées et donc directement utilisables. Il faut ensuite que la graine, si elle a été fortement desséchée, se regorge d’eau et d’oxygène pour activer le départ végétatif de l’embryon. Il faut pour cela un substrat poreux ainsi qu’une hygrométrie du sol et de l’air suffisante. Trop d’humidité peut être néfaste et favoriser la fonte des semis ! Pour se gorger d’eau, il faut que le tégument (feuillet externe) de la graine soit perméable. Pour quelques semences trop dures, on pourra scarifier ce tégument avec du papier de verre par exemple. Ensuite, le semis nécessite des températures de l’air et du substrat correspondantes aux besoins de chaque espèce. Des températures trop élevées peuvent induire une nouvelle entrée en dormance des graines. Enfin, la lumière joue un rôle important pour la jeune plantule qui sort de terre. Ses ressources cotylédonaires s’épuisent très vite, il lui faut rapidement faire sa photosynthèse et métaboliser ses propres sucres pour pouvoir pousser. Les plantes héliophiles (environ 70% des espèces) ont souvent besoin que leurs graines voient la lumière pour germer, tandis qu’inversement, les graines des plantes dites scotophiles, demandent la parfaite obscurité, et donc d’être enterrées.
Je distingue ici deux types de semis. Ceux effectués en pleine terre, souvent à l’endroit où la plante est vouée à pousser, et les semis en conteneur, en terrines ou en godets, qui permettent de démarrer plus tôt des cultures fragiles en contrôlant la température notamment.
L’un des intérêts du semis sur place est qu’il permet d’activer la vie microbienne du sol. Lorsqu’une graine germe, elle envoie une grosse partie de ses ressources dans le sol pour réveiller et attirer des micro-organimes symbiotiques, champignons mycorhyziens et bactéries. Ces symbioses seront utiles à la vie future de la plante, en augmentant sa capacité d’absorption d’eau et de nutriments ainsi que sa capacité d’échange (nutriments et informations) avec les autres plantes. Le semis en pleine terre permet également une meilleure adaptation de la plante aux conditions pédoclimatiques (sol et climat) du site. En revanche, on constate plus de prédation des graines et des jeunes plantes que lorsqu’elles sont sous atmosphère contrôlée. Parmi les techniques de semis les plus courantes, on retrouve le semis à la volée, le semis en ligne et le poquet.
Le semis à la volée consiste à jeter sur un sol propice, des poignées de graines en faisant d’amples mouvements afin de les répartir au mieux. Les graines très fines peuvent être mélangées avec du sable afin de faciliter un semis homogène. Enfin, on peut gratter la surface avec un râteau afin d’enterrer superficiellement les graines et limiter la prédation. On arrose ensuite en pluie fine.
Le Semis en ligne, est comme son nom l’indique, un semis régulier sur un ou plusieurs rangs. On peut utiliser un cordeau pour tracer des sillons droits, dans lesquels on introduit des graines à intervalle régulier, avant de les recouvrir légèrement de terre. On arrose ensuite en pluie fine.
Le Semis en poquets, consiste à introduire plusieurs graines ( de 3 à 5 ) dans le même trou. Certaines plantes comme les haricots ou encore les pois apprécient cette méthode de culture. En fonction du développement végétatif des plantes, les poquets seront plus ou moins espacés.
Le travail du sol n’est pas obligatoire. Si ce dernier est naturellement bien structuré par la vie du sol, on peut alors pratiquer le semis dit direct. Pour que le semis ait les meilleurs chances, le sol doit être oxygéné, humide, réchauffé, et le lit de semis doit être fin et exempt de cailloux. Sur un sol vivant où il y a un couvert de type engrais verts, on couche les plantes afin que les jeunes plantules voient rapidement la lumière. Dans ce cas, les graines ont très peu de ressources à donner au sol pour réveiller les organismes symbiotiques puisqu’ils sont déjà présent. Elle pourra donc partir plus vite en croissance et utiliser ses sucres pour produire sa biomasse.
Le semis en godets ou en terrines permet d’anticiper certaines cultures fragiles, notamment en contrôlant l’humidité et la température de l’air et du substrat. Cela permet de prendre de l’avance sur la saison et de récolter des premiers fruits plus tôt lorsqu’ils sont faits à la sortie de l’hiver. Cela permet aussi de lancer des semis lorsque le jardin est rempli. Ils seront repiqués dès qu’on y aura fait de la place. Les semis en conteneur peuvent se pratiquer en intérieur, pour autant qu’il n’y fasse pas trop chaud et que la luminosité soit suffisante. Bien souvent, lorsque ces conditions ne sont pas respectées, on observe un étiolement des plantes, qui se traduit par des jeunes plantes grêles et élancées, qui ont souvent du mal à supporter leur propre poids. L’idéal pour amorcer ce genre de semis étant une serre froide où les conditions de lumière, d’humidité et de températures seront réunies pour une germination optimale. Limite à cette technique, les plantes ne développent pas de liaisons souterraines entre elles et avec d’autres micro-organismes symbiotiques. Enfin, ces dernières peuvent subir un stress si elles sont laissées trop longtemps en attente, mais également au moment de la transplantation à leur emplacement définitif. Parmi les techniques de semis en intérieur les plus courantes, on retrouve le semis en conteneur percé et en conteneur étanche.
Le semis en conteneur étanche, se pratique souvent avec des récipients de récupération. On remplit ces dernier de substrat et l’on arrose jusqu’à presque saturation de ce dernier. On disperse ensuite de façon homogène les graines, que l’on recouvre légèrement de substrat sec pour remonter le niveau descendu avec l’arrosage. On place ensuite la barquette dans un endroit lumineux et tempéré.
Le semis en conteneur percé, en godet ou terrine, permet de faire germer des graines en diminuant les risques de fonte de semis. En effet, les trous permettent l’évacuation de l’eau une fois le substrat saturé. Le semis en terrine consiste à disperser de façon homogène, des graines sur une plaque de semis, remplie de terreau fin légèrement tassé (terreau tamisé ou terreau de semis et bouturage). On recouvre ensuite superficiellement les graines et on tasse très légèrement à nouveau. On arrose enfin en pluie fine. Pour les semis en godet, le principe est le même, excepté que l’on n’y plante qu’un nombre restreint de graines, de une à cinq pour un poquet de haricots par exemple.
Pour certaines espèces sensibles à la pourriture comme les oignons, on peut mélanger le substrat avec du sable pour le rendre plus drainant et éviter la fonte des semis. Enfin pour d’autres qui apprécient l’humidité et la chaleur, le semis pourra être fait à l’étouffé, sous une cloche transparente ou bien un sac plastique. Attention avec le semis à l’étouffé car il nécessite de réacclimater petit à petit les jeunes plantes à une hygrométrie normale. Enfin, pour tous les semis faits en intérieur ou sous serre, il faudra réacclimater les jeunes plants aux UV en les exposant quelques jours en lumière extérieure diffuse avant de les planter.